
Selon les dernières données de l’Insse publiées fin 2012, ce mal toucherait en France 7% de la population en âge de travailler (les 18-65 ans) soit 2,5 millions de personnes (3,9 millions des adultes en comptant les retraités). 57 % d’entre elles ont un emploi, soit environ 1,4 million d’illettrés aux postes de travail !
« Les actions de lutte contre l’illettrisme au travail montent en puissance sous l’impulsion de l’ANLCI, mais leur ampleur reste encore bien en deçà des enjeux », note le dernier rapport du Conseil d’orientation de l’emploi (COE) consacré au sujet.
Des secteurs comme la propreté ou l’agroalimentaire ont depuis plusieurs années déjà pris conscience du phénomène et mis au point des dispositifs de formation appropriés. Dans le BTP, Eiffage mène une politique exemplaire.
Une prise de conscience encore trop lente.
« Mais en dehors de ces secteurs la prise de conscience se diffuse lentement », déplore le COE. Les secteurs des services à la personne, de la construction ou des transports sont par exemple particulièrement concernés par les cas d’illettrisme. Le Conseil d’orientation pour l’emploi propose notamment d’identifier les salariés en difficulté lors de l’élaboration du plan de formation ou la mise à disposition des chefs d’entreprise par l’ANLCI de liste d’intervenants compétents.
« ll faut saluer cependant la douzaine d’accords de branches qui évoquent le sujet ou les accords cadres passés entre l’Anlci et les Opca (organismes paritaire collectifs agréés) », nuance le COE.
Sur le terrain de l’entreprise, l’enjeu, au-delà de la sortie du déni du problème, est d’améliorer la lutte contre l’illettrisme sans stigmatiser les personnes qui en sont victimes. Pour beaucoup d’entre elles, le terme même d’illettrisme est infamant. Pourtant selon l’Anlci, de plus en plus d’adultes, jeunes ou moins jeunes, s’en sortent grâce aux plans d’action qui commencent à se multiplier. « Mais un effort de sensibilisation reste nécessaire si nous voulons changer d’échelle », explique-t-on à l’agence de lutte contre l’illettrisme. Que le sujet soit décrété « grande cause nationale 2013 » pourrait aider…
Formation au français : les Passerelles d’Eiffage.
Fort d’une expérience réussie en 2010 dans la région Centre Est, Eiffage Énergie a généralisé en 2011 la mise en oeuvre d’une démarche à destination des collaborateurs de toutes les branches du Groupe, relevant du « français langue étrangère », de l’illettrisme. Baptisée « Passerelles », cette démarche vise l’acquisition et le développement des savoirs de base et accompagne les salariés vers une meilleure maîtrise du calcul, de l’expression orale, de la lecture et de l’écriture. Sur la base du volontariat, les salariés en difficulté peuvent demander à suivre ce cursus déployé sur112 heures. En 2011, 118 collaborateurs ont bénéficié de ces formations.